Auteur de "Le Manuscrit" - roman

Roman

Enquête - Suspens - Historique

  • RESUME

Alors qu'Augustin retourne dans la Provence de son enfance pour trouver un poste de commissaire priseur, son oncle antiquaire lui demande d'expertiser un manuscrit ancien. Il s'enfonce alors peu à peu dans les origines du massacre de la Saint-Barthélemy. Mais ce manuscrit est-il seulement authentique ?


  • EXTRAIT

Augustin Solers ne ressemble pas aux autres étudiants de sa promotion. D'apparence plutôt simple, courtois et souriant, le jeune homme est animé d'une flamme dévorante pour tout ce qui touche à l'art des objets et du mobilier. Il en devient alors méconnaissable lorsqu'il découvre, niché dans un coin d'une salle des ventes, une table que certains qualifieront de vieillotte, d'autres de démodée. Lui y verra le résultat d'un travail manuel d'exception, l'agilité des mains de l'artisan.

Le jeune homme de vingt-huit ans termine son stage de deuxième année chez un commissaire-priseur réputé à Bordeaux, Arthur Vyn. Un homme distingué, la quarantaine passée, exigeant mais respectueux du travail de ses employés. Dans son étude, personne ne compte ses heures. On charge et décharge du mobilier à longueur de journée, on photographie, mesure, décrit, estime des centaines d'objets. L'étude est une ruche pleine de trésors, car Arthur Vyn sélectionne ce qu'il vend et s'est spécialisé dans les objets d'art des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Augustin a vu de près des petits bijoux et sait reconnaitre l'authenticité d'un meuble au vernis du bois ou encore à son assemblage. Son œil s'est exercé très vite, noyé dans cet océan de trésors anciens.

Mais la pluie, le ciel nuageux et le mauvais temps ne lui réussissent pas et, malgré la proposition d'embauche de son tuteur bordelais, Augustin décide de retourner au soleil en Provence. Il n'a aucune piste d'emploi là-bas, mais ne s'en inquiète pas. Il croit en sa bonne étoile. Une fois sur place, il prospectera.

Nous sommes en juin, Bordeaux est encore sous la pluie, tandis que la Provence brille sous un soleil d'azur. Le retour au pays est joyeux. Une pointe d'appréhension le traverse, le concours final pour devenir commissaire-priseur est en novembre et, s'il est très bien préparé pour le mobilier et les objets d'art de l'époque classique et celles antérieurs, ses connaissances ne sont que théoriques pour la période moderne. A cela s'ajoute les sujets de droit, souvent retors. Il se rassure, il a l'été pour réviser.

Augustin est fils unique. Il a toujours été très entouré et soutenu par ses deux parents, mais leur attention est parfois étouffante surtout lorsqu'ils s'inquiètent pour lui. Son retour est justement une source de préoccupation car ils ne comprennent pas pourquoi il a refusé cet emploi. Il se souvient de la discussion téléphonique qu'il a eu avec son père deux mois plus tôt.

-Combien te propose-t-il pour ce poste ?

-3600€ par mois, pour commencer.

-3600 ? Et tu as refusé !

-Je ne supporte pas Bordeaux, papa, j'ai envie d'exercer dans le sud.

-Arthur Vyn lui a proposé un bon salaire et il a refusé ! dit son père à sa mère qui doit se tenir à côté de lui. Tu aurais au moins pu exercer là-bas un an ! C'est une étude réputée.

-Je sais tout ça papa. Ma décision est prise.

-Et tu vas loger où en rentrant ? lui demande son père.

Augustin entend sa mère protester :

-Ben voyons, Etienne ! Il peut venir à la maison le temps de se retourner !

-Oui, oui, marmonne son père qui se radoucit. Bon, tu nous diras quand tu rentres, on viendra te chercher à la gare.

Depuis, ils n'ont pas reparlé de sa décision, mais Augustin sait très bien qu'ils ne l'approuvent pas vraiment.

Les six heures de train pour relier Bordeaux à Aix l'ont engourdi. Il regarde par la grande fenêtre du wagon le paysage défiler à toute allure, son livre de révision sur les genoux. Il avait prévu de revoir les sûretés mobilières, sujet tombé quelques années plus tôt au concours. Peine perdue, le registre est resté sur ses genoux la plus grande partie du voyage.

Pour seul bagage, il a une grande valise pleine à craquer d'une année de vie à Bordeaux et un sac à dos qu'il garde près de lui sous son siège. Le train est à l'heure. Il était content de monter à bord, à présent il est heureux d'en descendre.

Il repère rapidement ses parents qui l'attendent à l'extérieur de la zone d'arrivée de la gare d'Aix-en-Provence. C'est un bâtiment courant d'air entièrement vitré, où les voitures s'agglutinent d'avantage sur le bord de la voie d'accès que sur les parkings prévus pour les accueillir.

-Comment s'est passé ton voyage ? demande sa mère.

-Bien, j'ai révisé les suretés mobilières.

Un petit mensonge de temps en temps…ils montent en voiture.

-Tu as prévu de faire des choses cette semaine ? interroge son père.

-Je vais contacter les maisons de ventes, voir s'ils ne recrutent pas de commissaire-priseur.

Son père hoche la tête, satisfait.

-Ton tuteur à Bordeaux aurait quand même pu te donner quelques contacts. Tu ne m'avais pas dit qu'il avait fait ses études à Aix, comme toi ? lui demande son père.

-Oui.

-Enfin, après tout, tu n'as même pas accepté son offre d'emploi, pourquoi se donnerait-il du mal pour toi ? ajoute-t-il.

-Etienne ! le sermonne Marilène.

Ces deux-là se sont rencontrés il y a plus de trente-cinq ans un soir de pot de départ du directeur financier d'une grande boite de concession automobile. Etienne était vendeur dans la branche située aux Milles tout près d'Aix-en-Provence et Marilène suivait son patron, le directeur commercial de toutes les concessions sud du pays. Ils ne se sont pas lâchés de la soirée, lui racontant des souvenirs croustillants de divers clients venus pour une petite voiture et repartant avec une grosse berline, elle, le fixant de ses yeux brillants, les lèvres humectées de champagne. La suite n'est pas difficile à deviner. Un an plus tard ils emménageaient ensemble. Etienne prit la direction de l'agence des Milles, tandis que Marilène élevait leur fils. Lorsqu'Augustin eu quinze ans, la crise de l'adolescence fut vécue par sa mère qui annonça un soir qu'elle recommençait à travailler dès le lendemain comme vendeuse dans une belle boutique de prêt-à-porter dans le centre historique. Fini la mère au foyer. Encore aujourd'hui, alors qu'Etienne a pris sa retraite, Marilène continue de travailler, dans une bijouterie cette fois-ci, non pas pour avoir sa retraite, mais pour s'occuper, voir du monde, plutôt que de rester assise dans son canapé.

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